400 000 ralentisseurs illégaux : quand l'État préfère fermer les yeux au détriment de la sécurité des motards
© Radio France - Mélanie Tournadre
Le 27 mars dernier, le Conseil d’État a tranché : bien qu’une immense majorité des ralentisseurs implantés en France soit reconnue comme non conforme aux normes en vigueur, ils ne seront pas démolis. Cette décision, loin d’être anodine, inquiète profondément la FFMC 77. Car pour nous, motards, ce sont nos vies qui sont en jeu, pas seulement des textes administratifs.
Depuis des années, nous dénonçons la prolifération anarchique de ralentisseurs dangereux : surdimensionnés, mal positionnés, mal signalés, implantés parfois sur des routes où leur présence est strictement interdite. L'arrêté du 27 mai 1994 est pourtant clair : un ralentisseur ne doit pas dépasser 10 cm de hauteur, doit avoir une longueur adaptée et ne peut être posé sur une route dite "à grande circulation". Mais, partout en Seine-et-Marne comme ailleurs, nous constatons des installations qui transforment les routes en véritables parcours d'obstacles.
Pour nous, usagers vulnérables, le risque est immédiat : perte d'adhérence, chutes brutales, suspensions endommagées, voire accidents graves en cas de mauvaise visibilité. Chaque dos-d’âne surdimensionné devient une menace potentielle.
En choisissant de ne pas exiger la remise en conformité, le Conseil d’État envoie un signal clair : il est plus simple de tolérer l’illégalité que de protéger les citoyens. Une décision qui, en pratique, déresponsabilise certaines communes, qui continuent à multiplier ces équipements hors-normes sous prétexte de "sécurité routière", sans se soucier des véritables dangers créés pour les deux-roues.
Or, il est important de rappeler que lorsqu'un accident survient à cause d'un ralentisseur non conforme, la responsabilité de la commune peut être directement engagée. En cas de chute, de blessure ou pire, la victime – ou ses ayants droit – peut se retourner contre la mairie responsable de l’installation. Et dans ce cas, les conséquences financières pour la commune peuvent être lourdes : indemnisation des dommages corporels et matériels, frais judiciaires, augmentation de l'assurance… Sans parler du coût humain, irréparable, que cela représente.
La FFMC 77 tient à avertir clairement les autorités locales : laisser en place un ralentisseur illégal, c’est prendre le risque non seulement de voir leur responsabilité mise en cause, mais surtout de mettre en danger des vies. À l'heure où l'on parle de "sécurité routière" à tout bout de champ, il serait temps de s’attaquer aux vrais dangers.
Nous appelons toutes les collectivités de Seine-et-Marne à procéder rapidement à un audit de leurs installations, à se mettre en conformité avec la loi et à retirer les dispositifs dangereux. Notre engagement est clair : nous continuerons de signaler chaque anomalie et, si besoin, de saisir la justice pour faire respecter les droits des motards.
Parce que notre sécurité ne peut être reléguée au second plan sous prétexte de simplifications administratives. Parce que derrière chaque moto, il y a une vie, une famille, des amis.
La FFMC 77 reste plus mobilisée que jamais.